Ceci n’est pas un scoop : le monde est gravement malade
Le Japon n’échappe malheureusement pas à la règle.
Avec cet héritage culturel millénaire qui veut que rien ne dépasse et que tous ne fassent qu’un…
Avec une routine quotidienne endiablée qui ne laisse plus le temps à la réflexion…
Avec les lois et les normes en vigueur qui étouffent les mesures de bon sens…
Avec cette chasse à la rentabilité toujours plus élevée…
L’Homme a détourné son regard de la Nature qui souffre chaque jour un peu plus.
Pourtant…
Réfléchir, savoir dire non, se remettre en question et sortir du rang pour défricher de nouvelles terres semblent être une philosophie de vie novatrice pour ouvrir la voie vers de nouveaux horizons et guérir, enfin.
C’est le chemin que des femmes et des hommes courageux ont décidé d’emprunter, avec le secret espoir de défendre notre bien le plus précieux.
Sommaire
Les sentinelles du Soleil levant
À bout de souffle
Elle suffoque tous les jours un peu plus…
De toute part, la nature et ses locataires appellent à l’aide.
En plein milieu d’une forêt millénaire, sur les plages, dans les fonds marins ou les rivières, si on tend bien l’oreille, on peut déceler cette petite voix fluette qui raisonne de moins en moins fort.
À bout de souffle, elle lance ses derniers SOS :
助けて下さい。
(Aidez-moi.)
C’est dans la préfecture de Nagasaki, au Sud du Japon, qu’une poignée de belles âmes a réussi à capter ce signal de détresse.
Elles ont décidé de mettre leur énergie et leur bravoure au service de la protection de l’environnement.
Les migrants du Nord à la rescousse
Certains de ces valeureux combattants sont originaires de cette région mais bien d’autres ont fait le choix de fuir les grandes villes pour se rapprocher de leurs valeurs et redonner vie à ces territoires qui se dépeuplent inexorablement.
Si chacun œuvre dans son domaine d’expertise, tous font converger leurs actions vers un même objectif : respecter et protéger notre mère nourricière et les espèces en danger.
C’est à Nagasaki, dans l’archipel des Goto et sur les îles de Iki et de Tsushima que des projets variés ont vu le jour :
- Production de thé et de patates douces organiques
- Production de gin et de sake bio
- Pêche équitable
- Restauration bio
- Sauvegarde d’espèces en danger (chats léopards, dauphins, lucioles, tortues, …)
Une équipe de tournage française a décidé de partir dans ces coins reculés du bout du monde pour mettre en lumière tous ces héros du quotidien dans un documentaire en deux parties.
Le nom de ce projet ?
Les sentinelles du Soleil levant.
- Pour le Larousse : « Personne ou chose qui a pour tâche de veiller, de surveiller pour éviter toute surprise. »
- Pour LeRobert : « Soldat qui a la charge de faire le guet, de protéger un lieu, etc. »
- Pour l’Académie française : « Soldat chargé de faire le guet à un poste avancé ou d’assurer la garde d’un camp militaire, d’un lieu placé sous la surveillance de l’armée, etc. »
Partout dans la préfecture de Nagasaki ?
Pas de champ de bataille mais des zones à protéger.
Pas d’ennemis en vue, le mal avance tapis dans l’ombre, il faut toujours être sur ses gardes.
À la découverte de lieux enivrants…
Ces épisodes vous entraîneront dans des endroits méconnus du grand public, au Sud de l’archipel, au large de Nagasaki dans la préfecture éponyme mais également autour de cette ville.
Comme à travers tout l’archipel, la verdure est partout, comme ici par exemple, sur les îles de Goto à Hisaka :
Sur ces petites îles du bout du monde, les reliefs escarpés qui bordent les côtes cèdent rapidement leur place aux champs de thé et aux rizières en étages.
Plus loin, les montagnes accueillent des forêts luxuriantes.
Du haut de leurs sommets, les vues à 360 degrés sont imprenables sur les eaux de la mer de Chine.
C’est donc dans ces paysages qu’évoluent au quotidien de fervents défenseurs de la Nature.
… et d’anges gardiens au grand cœur
Grâce à un jeu d’interviews courtes qui vont à l’essentiel, vous découvrirez ces sentinelles qui ne comptent ni leur temps ni leur énergie pour atteindre leurs objectifs respectifs.
Les forces de ces sentinelles japonaises ?
Leur courage inépuisable.
Leur bienveillance communicative.
Et leur force de résilience phénoménale.
Sans oublier le plus important…
La mission de vie de ces protecteurs
Une volonté de transmettre l’essentiel
Si je devais résumer ce documentaire en un mot, je n’hésiterais pas une seconde.
Peut-être aurez-vous les mêmes ressentis après avoir visionné ces deux formats de 52 minutes.
Vous vous demandez quel est ce mot ?
Le voici : Amour.
C’est bel et bien la principale force de ces soldats pacifistes du XXIème siècle.
Ils portent en eux un amour inconditionnel :
- L’Amour de la terre.
- L’Amour de la mer.
- L’Amour des espèces vivantes.
- L’Amour des espèces végétales.
- L’Amour du travail bien fait.
- L’Amour des matière premières travaillées.
- L’Amour de la santé du vivant.
C’est pour toutes ces belles raisons que ces acteurs engagés se lèvent le matin avec une énergie débordante et la volonté de faire bouger les lignes.
Zoom sur l’agriculture
David contre Goliath
L’agriculture biologique au Japon ?
Parlons-en : elle représente 1% du marché.
Ces agriculteurs engagés sont donc seuls au monde, livrés à eux mêmes et doivent être imaginatifs.
Pour ces pionniers, cela leur a demandé de mettre en place de nouveaux process de production et de nouvelles filières de distribution.
Oui, parce que la filière agricole « industrielle » classique n’a pas souhaité leur apporter leur aide.
D’ailleurs, en aparte ?
Vous saviez que le Japon était le premier importateur de glyphosate dans le monde ?
(Il s’agit d’un herbicide catastrophique destiné à éradiquer les mauvaises herbes).
Un retour aux sources
Les agriculteurs bio de la région de Nagasaki se sont ainsi débrouillés seuls pour :
- produire de façon maline et
- distribuer leurs marchandises
Ils ont ainsi créé un cercle vertueux.
Par exemple à Goto ?
Les déchets provenant de la production de gin réalisée à base de graines de camélia sont transformés en engrais qui viennent enrichir les terres sur lesquelles sont produites le thé bio de l’agriculteur voisin.
Ils ont aussi su créer de nouveaux circuits de distribution locaux en privilégiant les filières courtes : des producteurs aux consommateurs.
Pour promouvoir leurs travail, il n’est pas rare que les paysans fassent découvrir leurs produits le temps d’une récolte où les participants repartent avec leur panier rempli mais aussi avec l’adresse d’un marché à proximité où ils pourront venir se réapprovisionner.
Le bouche à oreille fait le reste.
Les sentinelles utilisent ce qui s’est perdu dans nos sociétés modernes depuis des décennies : le bon sens.
Simple et efficace, un retour aux sources.
Un documentaire plein d’espoir pour les générations futures
Dans cette préfecture peu connue des touristes étrangers, ces femmes et ces hommes qui luttent pour la préservation de l’environnement font encore figure de pionniers.
Ces explorateurs ont su naviguer à contre-courant pour (re)découvrir des îles reculées, quelques fois désertes, pour en faire leur terrain de jeu.
Et à défaut de coffres aux trésors, ils ont déterré des joyaux bien plus précieux…
Ils se sont épanouis, parfaitement alignés avec leurs valeurs et leurs envies profondes.
Aussi et surtout ?
Tous les jours, ils font le bien autour d’eux tout en veillant attentivement sur la nature environnante.
En trois mots :
- Chapeau !
- Bravo !
- おめでとう !
J’ai aujourd’hui tendance à prendre le temps de la réflexion.
Loin d’une vie qui ne faisait plus de sens, à vivre au rythme du métro, boulot, dodo, je suis aujourd’hui dans une quête de compréhension, où le bon sens doit retrouver toute sa place dans notre vie quotidienne.
Sans tomber dans la caricature, je pense qu’il est grand temps d’ouvrir les yeux, regarder autour de soi et rayonner à son échelle pour inspirer les autres, tisser des liens, être compréhensif et bienveillant avec les personnes que nous croisons et l’environnement qui nous entoure.
Les sentinelles l’ont compris : seules, elles ont commencé à secouer très légèrement l’industrie agricole nippone et le (dés)ordre établi.
Ce documentaire apporte un vrai message d’espoir.
L’Histoire est en marche et il ne fait aucun doute que de nouvelles âmes viendront grossir les rangs des sentinelles dans tout l’archipel pour ouvrir une nouvelle voie aux générations futures.
Coup de projecteur sur la soirée d’avant-première
C’est dans une ambiance chaleureuse que plus d’une centaine de passionnés ont pu assister en avant-première à la diffusion du deuxième volet des « Sentinelles du Soleil levant » dans la salle de projection de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) à Paris.
Le documentaire sera diffusé sur Ushuaïa TV lors d’un cycle spécial Japon en Avril et Mai prochain (dates et horaires précis à venir).
Les trois réalisateurs étaient présents :
- Alexandre Szuren
- Philippe Douteau
- Vincent Puybaret
(On a pu également découvrir le talent de la monteuse Charlotte Moreau dont c’était le premier documentaire de 52 minutes. Elle aussi était présente. Bravo à elle.)
Genèse des Sentinelles du Soleil levant
Les instigateurs de ce projet ont pu nous éclairer sur leur vision et les sujets qu’ils souhaitaient traiter.
Leur premier objectif ?
Mettre en lumière les balbutiements de l’agriculture biologique au Japon à travers des personnes engagées qui se battent à leur niveau.
Il faut savoir que du fait de l’isolation des agriculteurs dans cette partie du pays (notamment sur l’archipel des Goto), cela leur permet d’avoir un degré de liberté plus important sur leur méthode de production en bio.
De ce fait, on peut dire que Nagasaki et sa région est une zone où l’agriculture respectueuse de l’environnement est beaucoup plus développée que dans le reste de l’archipel.
L’écologie est une cause qui tient beaucoup à cœur à BelOrage Productions et son fondateur Vincent Puybaret.
Alors lorsqu’on lui a proposé de faire découvrir Nagasaki et sa région, il lui a semblé tout naturel pour lui de traiter le sujet sous l’angle de la préservation de l’environnement.
Leur deuxième ambition ?
Montrer que ces zones quelques fois désertées commencent à se repeupler grâce à des japonais qui émigrent du Nord (essentiellement des grandes villes) et qui viennent porter des projets différents, dans l’agriculture mais aussi dans le domaine touristique.
J’ai beaucoup apprécié les bonnes énergies qui émanent de ce documentaire en mettant à la fois l’Humain mais aussi la Nature au cœur du projet.
La diversité des sentinelles permet de se rendre compte qu’il est possible d’apporter sa pierre à l’édifice de nombreuses manières.
Bande annonce du premier épisode
Si vous n’avez pas encore eu l’occasion de voir le premier volet, je vous invite à découvrir la bande annonce ci-dessous :
Dégustations de produits locaux
Je m’étais rendu sur l’archipel des îles de Goto il y a quelques années et je n’avais pas eu l’opportunité de découvrir ces agriculteurs et leurs produits.
En marge de la projection des Sentinelles du Soleil levant, nous avons eu l’opportunité d’apprécier certains produits provenant des exploitations de la préfecture de Nagasaki.
Nombreuses sont les personnes qui ont souhaité poursuivre la soirée autour de moments d’échanges après la projection.
Des breuvages primés et atypiques
Du côté des boissons, nous avons été gâtés.
C’est avec grand plaisir que j’ai pu goûter au thé produit à Goto mais également au gin à base de graines de fleurs de camélia, lui aussi produit sur l’île de Fukue.
Je ne sais pas ce que vous en pensez mais j’adore le flacon (cf. la galerie d’images un peu plus bas). Le design est très réussi.
Deux sakés premium de type junmai ginjo étaient aussi proposés à la dégustation.
L’un d’eux a d’ailleurs reçu la médaille d’or du jury lors du concours Kura Master à Paris l’an dernier.
Des plats fusion raffinés
Les fins gourmets n’ont pas été oublié puisque le chef Tsuyoshi MIYAZAKI avait préparé des mets subtils mettant en valeur l’art de la cuisine fusion.
- Black Bao Kakuni Manju : buns black bao, porc rôti laqué à la chinoise, yuzu-kosho à la mayonnaise, ciboulette et gingembre rouge marinés
- Hatoshi : langoustine, crevettes, coriandre, sauce soja, pain de mie
- Tartelettes de bar et de bottarga : bar, bottarga et tranche de radis frais, ciboulette, philadelphia, crispy blinis
Pour terminer sur une note sucrée, impossible de ne pas goûter à la spécialité locale de Nagasaki : le castella (カステラ).
Il s’agit d’un biscuit moelleux importé par les missionnaires portugais au XVIème siècle.
Certaines parts de gâteaux proposées à la dégustation étaient des wagashi : un doux mélange de citronnelle produites sur l’île de Fukue avec de la castella traditionnelle de Nagasaki :
© GS Concept
Tsuyoshi Miyazaki un chef cuisinier originaire de Nagasaki.
Il officie actuellement dans le restaurant Mr.T situé dans le 3ème arrondissement de Paris.
Auparavant, il a été sous-chef au sein de « Passage 53 », un restaurant 2 étoiles ayant fermé ses portes en 2019.
Nagasaki : une préfecture à découvrir
Si vous comptez voyager au Japon et que vous cherchez plus d’informations sur cette belle région, vous devriez jeter un œil à mes articles dédiés : guide pratique à Goto et Que faire à Nagasaki (disponible d’ici quelques jours).
Vous trouverez tout ce qu’il faut pour organiser votre séjour sur place.
Si vous êtes à la recherche d’autres informations, n’oubliez pas de jeter un œil sur le site de la préfecture de Nagasaki.
Bons préparatifs !
Les Sentinelles du Soleil levant. J’ai bien aimé ce documentaire. J’ai une préférence pour le second. Les thèmes se succèdent à un bon rythme. On sent que tout doit être bien préparé . Ce documentaire nous fait découvrir une partie du Japon certainement un peu moins visitée mais très variée. La nature y est riche. J’ai été surprise par l’importance des forêts. Les habitants de la région semble très mobilisés à la mise en valeur des lieux et font preuve de beaucoup d’imagination et d’investissement. C’est un beau documentaire écologiste.
Bonjour Marie-Claire,
Merci pour votre commentaire.
J’ajouterai que dans le deuxième épisode, nous avons une amorce vers l’histoire des Chrétiens cachés. Ce lourd passé bien que tragique est fascinant. Peut-être aimerez-vous également découvrir cette facette du Japon trop peu connue.
J’avais rédigé un article sur le sujet ici si cela vous intéresse : https://planetemaneki.com/histoire-du-christianisme-au-japon-persecutions/