Le Japon à ses propres codes sociaux. Le honne et le tatemae sont fondamentaux dans la communication au Japon.
Je vous propose d’aborder deux des fondamentaux qui dictent le comportement d’un japonais au quotidien.
Peut-être avez-vous déjà entendu parler de honne ou de tatemae. Je vous propose de rentrer un peu plus dans les détails afin d’y voir un peu plus clair :
- Le honne est « ce qu’une personne pense / ressent face à une situation bien précise ». Le honne ou 本音 se traduit littéralement par vrai sentiment
- Le tatemae est « ce que cette même personne va montrer à son interlocuteur / une façade ». Le tatemae ou 立前 est l’attitude sociale
Ainsi, si une situation appelle une réponse particulière, la réaction d’un japonais pourrait ne pas refléter ce qu’il pense réellement : le but est de rechercher un consensus, de ne jamais entrer dans le conflit avec son interlocuteur.
Vous n’entendrez qu’extrêmement rarement un japonais vous répondre de manière négative, il recherchera toujours une manière détournée de vous faire comprendre que cela n’est pas possible.
Cette image symbolise bien le principe de honne et de tatemae :
Sommaire
Pourquoi utiliser le honne et le tatemae ?
Il existe plusieurs théories, celle de l’appartenance au Groupe revenant le plus souvent. Lorsqu’on évoque la thématique des relations sociales au Japon, on pense souvent à la culture du collectif, à l’appartenance à un groupe.
Ainsi, les salariés d’une entreprise vibreront tous à l’unisson en essayant de regarder dans la même direction en façade même si il peut exister des dissensions au sein de ce groupe et entre des personnes.
Ici, l’intérêt du collectif (le chemin de la croissance) primera clairement sur l’individualisme : ne pas s’écarter de la pensée collective sera primordiale.
C’est aussi selon moi la meilleure manière de ne pas faire de vague dans la vie quotidienne, avec son collègue de travail, son ami et surtout un inconnu, qu’il soit japonais ou étranger.
Cette façade, cette politesse en deviendrait presque lourde au fil du temps où vue de l’extérieur, tout semble magnifique.
Entre deux japonais, habitué à ces codes, cela ne posera aucun problème de communication. En revanche, cela pourrait ne pas être aussi simple entre un japonais et un étranger.
Des niveaux de communications compliquant les relations ?
Il est extrêmement délicat pour des personnes d’avoir des échanges sincères dans ces conditions, à tout le moins pour un étranger.
Mais est-ce vraiment le but rechercher ici ?
Clairement non.
Ce qui peut paraître très étrange à nos yeux relève d’une certaine normalité pour un Japonais habitué à cet exercice de style depuis sa plus tendre enfance, que cela soit avec ses amis ou ses collègues de travail.
Découvrez maintenant un exemple concret qui a quelques fois été relaté par une de mes professeurs de japonais…
Vous souhaitez inviter une amie japonaise au restaurant, elle se montrera peut être réticente à cette proposition en utilisant des expressions convenues telles que « すみません、ちょっと。。。 » que l’on pourrait traduire simplement par « Désolé, cela va être délicat ».
Mais cela va bien au delà : comprenez alors que c’est un non catégorique et pas seulement un « on verra plus tard ».
C’est toujours bon à savoir.
Cet exemple ci-dessus n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.
Ici il s’agit d’un comportement très facile à comprendre une fois qu’on l’a assimilé mais qu’en est-il des relations qui se tissent tous les jours entre les individus ?
Quelqu’un qui ne connait pas ses fondements pourra rester dans le flou face à des attitudes, ne pas comprendre certains faits et gestes.
Peut-être finira t’il par être perdu par tant de jeux de langages.
La communication au Japon n’est pas chose aisée.
Est-il ainsi possible d’avoir des relations dites « normales » dans ces conditions ?
La question mérite tout de même d’être posée.
À titre très personnel, je ne le pense pas.
Combien d’entre nous peuvent se targuer d’avoir réussi à garder le contact avec des amis japonais sur le long terme mais ça c’est un autre problème.
L’art de la discussion au Japon ou comment en perdre son latin 🙂
Le honne et le tatemae sont deux notions qui feront qu’aux yeux d’un japonais, un étranger sera toujours considéré comme un « gaijin » (rien de péjoratif dans ce terme à priori), même après que ce dernier ait passé de nombreuses années sur le sol nippon.
N’ayez crainte, en voyage vous n’aurez que très rarement l’occasion de vous apercevoir de quoi que ce soit bien que le honne et le tatemae raisonneront sans cesse en face de vous.
« Peut-être finira t’il par être perdu par temps de jeux de langages. »…… »tant »
Désolée. Sinon l’article était très enrichissant. Merci beaucoup.
Merci, la coquille est réparée 😉